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Merci professeur !
Discrépance
Connaissez-vous le mot discrépance ? Laissez vous guider par le professeur Bernard Cerquiglini pour en apprendre un peu plus sur la langue française. Merci professeur !
TranscriptionNe craignons pas d'être un peu laxistes, à bon escient du moins.
Quelques semaines avant le référendum
sur le projet de Traité constitutionnel européen,
un journaliste célèbre publia, dans un grand hebdomadaire,
un article très favorable à ce projet de Traité.
Il y glissa cette phrase prémonitoire :
Je crains, néanmoins, qu'il n'y ait quelques discrépances
entre les élites Européennes et les peuples (...)Ne craignons pas d'être un peu laxistes, à bon escient du moins.
Quelques semaines avant le référendum
sur le projet de Traité constitutionnel européen,
un journaliste célèbre publia, dans un grand hebdomadaire,
un article très favorable à ce projet de Traité.
Il y glissa cette phrase prémonitoire :
Je crains, néanmoins, qu'il n'y ait quelques discrépances
entre les élites Européennes et les peuples.
Il reçut un volumineux et véhément courrier.
Ce courrier ne portait pas sur cette question mineure,
l'avenir de l'Europe et de ses institutions,
mais sur l'usage jugé abusif du mot discrépance.
Les lecteurs, en colère, y voyaient un regrettable anglicisme,
calque fâcheux de l'anglais discrepancy.
Le journaliste dû se défendre.
Il le fît mal, car il se sentait blessé.
On voit le poids de la norme en français.
Calmons les esprits.
L'anglais discreprancy est un calque du mot latin discrepancia,
qui signifie la discordance.
Pourquoi le français qui l'a pratiqué si souvent,
ne pourrait-il pas, lui aussi, former un terme calqué sur le latin discrepancia ?
Et d'ailleurs, il l'a fait.
Les lecteurs en colère ignoraient que le mot français discrepance est courant jusqu'à la fin du seizième siècle. Il suffit simplement de le faire revivre. Il viendra prendre sa place parmi d'autres termes en d, discorde, dispute, dissensions. Pas de quoi fouetter un chat, encore moins un éditorialiste.